Thinking Onshore

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Je suis opposant, donc ne t’oppose pas à moi!

Ils sont très nombreux, ceux là qui critiquent le pouvoir de Yaoundé. Au Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MINATD), on dénombre un peu plus de 280 partis politiques accrédités et de nombreux autres dossiers d’accréditation en attente. Tous ces partis sont placés dans le camp de l’opposition, parce qu’ils défendent des idéaux autres que ceux du pouvoir de Yaoundé. Lorsqu’on essaye d’étudier la proportionnalité de la population/partis politiques, on constate que cela fait un peu plus de 70 000 habitants par parti politique. Mais combien sont-ils (partis politiques) dont les membres sont plus de 1 000? Quelles sont leurs représentations sur le plan national? Défendent-ils des idéaux?

 

Ces interrogations demeurent difficiles à répondre. Si l’on s’en tient aux activités de nos partis politiques dits de l’opposition, on constatera que ceux-ci ne sont visibles que lors des échéances électorales, prêts à bondir sur la mangeoire que représente la somme d’argent que l’on verse pour la campagne électorale. Et pour cela, ils sont incapables de faire une coalition car chacun vise un objectif égoïste et non des objectifs commun. La cinquantaine de candidatures déposée lors de la dernière élection présidentielle au Cameroun n’est-elle pas une preuve? Le fait que leurs seuls éléments de campagne sont « Paul Biya doit partir », « Paul Biya a tué le Cameroun » montre qu’ils (à quelques exceptions prêts) ne sont que des mange mils. En tout cas, ceci n’est pas l’objectif de ce billet.

 

Au Cameroun, je suis libre de créer un parti politique, donc je suis libre de m’opposer. Et si je m’oppose, je critique. Et par conséquent, on ne doit pas me critiquer. Tel semble être le résumé des actions que mènent nos opposants au quotidien. Je suis opposant, donc tu ne dois pas t’opposer à moi. On ne s’oppose pas à un opposant au Cameroun parce que les partis de l’opposition s’opposent déjà. C’est la raison pour laquelle je ne peux pas être pro Biya parce qu’il y a l’un de mes oncles qui est opposant, et je ne dois pas m’opposer à lui. Je suis opposant, donc c’est toute la famille qui a un statut d’opposant.

 

Je suis camerounais, je ne veux plus du pouvoir en place. Je martèle que notre président a fait ceci, il a fait cela, ceci dans le but de m’opposer à lui. Je deviens donc opposant. Dès lors que l’un des membres du parti au pouvoir s’oppose à moi en apportant un démenti à cela, je lui fais comprendre qu’il est du parti au pouvoir et qu’il n’a pas le droit de jouer le rôle de l’opposition, donc il ne doit pas s’opposer à l’opposant.

 

Je suis un artiste musicien camerounais qui critique avec toutes ses forces le pouvoir en place. Je suis fier lorsque je le fais. Tout le monde me respecte et mon cela fait mon buzz. Seulement, ne tente jamais de penser le contraire de ce que je pense, sinon tu auras des comptes à me rendre. Aussi, ne dis jamais du mal de moi si tu n’es pas du parti au pouvoir, car tu n’es pas opposant à moi.

 

Je suis opposant, je fais un meeting politique. Je déclare que celui qui est président de notre pays actuellement est vieux et doit partir, un journaliste trouve que le contenu de mon message à tout mes camarades et au peuple camerounais est vide. Je le remets à sa place en lui disant qu’il est journaliste et non opposant, qu’il ne connait rien à mon métier et qu’il ne doit pas s’opposer au discours d’un opposant.

 

Je suis membre l’opposition, j’invite le parti au pouvoir à mon congrès. On s’amuse, on partage et on se sépare bien. Mais dès lors que celui-ci se permet de faire une sortie médiatique normale pour répondre à une question d’actualité, on constate à ce moment que son parti est actuellement au pouvoir et qu’il n’a pas le droit de jouer le rôle de l’opposition.

 

Tous ces clichés sont très visibles au quotidien parce que s’opposer au pouvoir en place au Cameroun est devenu un grand business. Tout le monde sait qu’au Cameroun, lorsque quelqu’un voit sa source de revenu en danger, il est capable de tout faire pour éloigner le danger. Pour nos partis de l’opposition, même si on est encore au niveau de la définition de l’opposant selon l’opposition, l’éloignement du danger dans un premier temps consiste à montrer à celui qui s’oppose à l’opposition qu’il n’a pas ce droit là.

 

Ne nous posons pas la question de savoir pourquoi il y a eu alternance au Sénégal mais demandons seulement à la population camerounaise de se lever. Ne cherchons pas à savoir pourquoi Mugabe a failli partir avant de trouver des astuces sanglantes face à l’opposition zimbabwéenne, mais regardons seulement que le RDPC a fait le reportage en direct de son congrès à la télévision nationale. Au Cameroun, les opposants se donnent les moyens et les arguments d’y demeurer, sans toutefois penser à gouter aux délices du pouvoir. Si c’est faux, demandez à un opposant pourquoi il demande à ses électeurs de ne pas aller s’inscrire sur les listes électorales, mais veut gagner les élections. Demandons à Hollande ou à Sarkozy de venir sauver le Cameroun de Paul Biya et parlons mal de la françafrique!

 

Nous nous posons même souvent la question de savoir pourquoi est ce que les opposants les plus crédibles au Cameroun sont les anciens membres du parti au pouvoir? A quoi jouent-ils réellement?

 

Réponse très prochainement.

 

Marius M. FONKOU



15/11/2012
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