Thinking Onshore

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Et si l'émergence du Cameroun passait par les femmes? Episode 2

 

Le deuxième entretien qui constitue ce dossier sur l’entrepreneuriat féminin au Cameroun a été réalisé à Yaoundé. La chef d’entreprise que nous avons rencontré cette fois est une jeune dame qui aime relever les défis parce qu’elle se dit compétente. Mme MAKEUGNE TEGANKAM Nikème puisqu’il s’agit d’elle est âgée seulement de 28 ans. Fiancée et mère d’un enfant (enfant qui d’une manière ou d’autre est à l’origine de la création de son entreprise) est la responsable de DUO Expertise, jeune entreprise exerçant dans le domaine des Télécommunications.

Nous sommes allés à sa rencontre et aussi à la découverte de son entreprise située au marché central. Toute joviale, accueillante et chaleureuse, voici ce qu’elle nous a confiée.

 

 

Afrique Mystérieuse: Pourquoi avoir décidé d’entreprendre plutôt que travailler au sein d’une entreprise ?

 

MAKEUGNE Nikème: J’ai décidé d’entreprendre parce que je suis d’abord ingénieur en Télécommunication. Et pour que quelqu’un puisse s’affirmer dans mon domaine, il doit prouver par la compétence. Et puisque je suis compétente, je voulais prouver que je peux gérer une entreprise. Je voulais aussi être maitre de mon temps, être plus disponible et être surtout à mon propre compte.

 

A. M.: Comment concilier vie de famille (au Cameroun où la place de la femme est souvent  au foyer) et votre vie professionnelle ?

 

M. N.: Pour concilier les deux facilement parce que j’y tiens temps, j’ai choisi de m’investir dans le domaine du Web. Je suis productive à 70% partout j’ai la possibilité d’avoir la connexion internet. Du moment où il y a internet je suis opérationnelle.

 

A. M.: Quels sont les obstacles que vous rencontrez le plus au quotidien dans votre vie professionnelle ?

 

M. N.: C’est plus des obstacles liés à l’entreprenariat. Nous sommes abandonnés à nous même. Et c’est en forgeant, en travaillant que je découvre le métier. Avec les hommes, cela ne me pose pas réellement un problème. Vous pouvez constater que tous mes employés ici sont des hommes et je n’ai jamais eu de problèmes avec eux.

 

A. M.: Pensez-vous avoir des désavantages par rapport aux hommes (prêts bancaires, démarches administratives…) ?

 

M. N.: Oui. Au niveau de la démarche administrative, lorsque j’ai en face de moi une femme, tout est bloqué, les dossiers dans leur processus est ralenti et parfois même n’avancent plus. Je peux dire jusqu’ici, ce sont les femmes qui me créent des difficultés dans les démarches administratives. Au niveau bancaire, je n’ai pas de problèmes qui sont liés au fait que je sois une femme.

 

A. M.: Etes-vous membre d’une association de femmes entrepreneurs?

 

M. N.: Non. Je n’ai pas assez de temps.

 

A. M.: Avez-vous eu accès à des aides tels que l’accompagnement pour créer votre entité ?

 

M. N.: Pour créer mon entreprise, j’ai eu mon apport personnel et les aides familiales.

 

A. M.: Votre mari/famille soutient-il votre démarche entrepreneuriale ?

 

M. N.: Oui. Sans mon famille et surtout mon mari, je serai morte depuis longtemps. J’ai rencontré de nombreuses difficultés, et ce sont eux qui m’ont aidé à m’en sortir.

 

A. M.: Etait-il intéressé pour investir au sein de votre société ?

 

M. N.: Oui. Mais pas en tant qu’actionnaire. Mais plus pour me soutenir, soutien désintéressé.

 

A. M.: Pensez-vous qu’il est facile d’entreprendre au Cameroun ? L’état encourage t-il les entrepreneurs ?

 

M. N.: Non. Je déconseille. Ou bien si vous voulez vous lancer dans l’entreprenariat, il faut avoir des cotes solides pendant 3 ou 4 ans minimum.

Pour ce qui est de l’Etat, il n’encourage pas du tout. Il gagnerait à accompagner les entreprises après leur création. J’ai pu créer mon entreprise en 72 heures. Je paye une patente de 72 000 francs par an (exonération). C’est déjà un pas. Mais l’Etat gagnerait à suivre les entreprises au moins pendant 3 ans après la création.

 

A. M.: Pensez-vous que les mœurs sont entrain d’évoluer au Cameroun par rapport aux égalités hommes/femmes dans le monde du travail? Ont-elles accès à des postes à responsabilités facilement ?

 

M. N.: Non. Les hommes et même les femmes ne sont pas fiers de voir une femme occuper un certain poste. C’est parce qu’on m’a volé mon poste de responsabilité alors que j’étais enceinte que je me suis retrouvé ici. J’ai d’abord perdu mon poste technique pendant mon congé de maternité aux dépens d’un homme, et à mon retour je me suis retrouvée commerciale. Je n’ai pas apprécié et j’ai donc décidé de claquer la porte pour créer ma propre entité.

 

A. M.: Selon vous, quels sont les principaux freins à la création d’entreprise pour les femmes ?

 

M. N.: Le consentement du mari peut être un frein. Il a certes toujours son mot à dire mais il y a des fois où nous ne sommes pas obligé d’avoir ce consentement.  Il y a aussi le soutien car les gens ne croient pas beaucoup en ce qu’ils font. Il fut donc leur soutenir financièrement, pratiquement moralement et psychologiquement.

 

A. M.: Quels conseils donneriez-vous à une femme qui veut entreprendre au Cameroun ?

 

M. N.: De réfléchir longuement, de croire en son projet et de travailler sans relâche.

 

Entretien avec Marius M. FONKOU



03/11/2012
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